Dans un précédent article, nous vous parlions de l’opportunité d’investir dans des forets et de bénéficier des crédits carbone. Depuis Septembre 2021, le prix du carbone s'est envolé bien plus rapidement que ce que de nombreux experts du secteur avaient prévu. Dans cet article, nous vous expliquons le bond du prix du carbone, qui a dépassé de 50 à 70 % les estimations initiales, et l'impact que nos partenaires prévoient sur les rendements des investisseurs.
Une hausse du $/t de CO2 conséquente
En septembre 2021 le prix du carbone au comptant était de 60 $/t CO2-e, alors qu'aujourd'hui il s'échange à 84 $/t CO2-e. Lorsque les investisseurs commenceront à vendre leurs unités de carbone en 2025, les prix prospectifs indiquent qu'ils atteindront 100 $/t CO2-e.
Au prix actuel du carbone de 84 $/t, les distributions prévues en début d'année associées aux revenus du carbone augmentent de 20-25 % par an (au lieu de 10-13 % par an) et le taux de retour annuel global passe à deux chiffres de 12-15 % (au lieu de 6-9 %).
Nos partenaires continuent à penser que la sylviculture sera l'un des moyens les plus rentables de lutter contre le changement climatique. Pour faire simple, une forêt de pins peut générer des crédits carbone pour 25 à 30 dollars par tonne de CO2e. Comme pour la plupart des produits de base, le producteur dont le coût de production est le plus bas est le mieux placé sur le marché pour réaliser de gros bénéfices lorsque les prix sont élevés et pour surmonter les périodes de volatilité ou de baisse des prix.
Quels sont les facteurs à l'origine de la hausse des prix du carbone ?
L'année dernière, ce sont les ventes aux enchères trimestrielles du gouvernement qui ont fait grimper les prix, la demande étant presque deux fois supérieure au nombre d'unités offertes. En 2021, le gouvernement a proposé 26 millions de NZU* et a reçu des offres d'achat pour un peu plus de 50 millions d'unités, soit un rapport de presque 2:1. Lors de chaque enchère trimestrielle, le prix de compensation du gouvernement était supérieur à celui du marché secondaire, ce qui a donné le ton du marché pour le trimestre suivant.
Le début de l'année 2022 a été différent, les acheteurs ont voulu prendre de l'avance sur la première vente aux enchères du gouvernement le 16 mars et les vendeurs ont maintenu l'offre serrée alors que les prix augmentaient rapidement. En arrière-plan et à l'appui de la hausse des prix, on peut noter l'augmentation rapide des marchés offshore, comme l'Australie et l'Europe. Il est fort probable que les marchés internationaux seront liés à l'avenir et, comme les prix du carbone en Europe atteignent 160 dollars néo-zélandais par tonne de CO2-e, il y a une explication supplémentaire pour des prix plus élevés, car c'est le premier marché international auquel le NZETS ** est susceptible d'être lié en raison de sa crédibilité globale et de son alignement commercial général.
Un deuxième facteur est que le gouvernement est également préoccupé par son risque financier lié à la libération d'un plus grand nombre d'unités et à l'existence d'un surplus d'unités de carbone dans le SCEQE (Système communautaire d'échange de quotas d'émission) ***. Cela a conduit à des rumeurs sur la possibilité de modifier certaines règles afin de limiter l'offre future.
Un dernier facteur de hausse des prix est que les émetteurs ne disposent plus de l'option du prix fixe pour remplir leurs obligations annuelles et semblent donc désireux de se procurer des unités pour couvrir leurs obligations futures.
Pour celles et ceux qui souhaiteraient investir dans cette branche il ne reste que peu de temps car les dernières offres clôturent au 1er mars 2022.
*La NZU est l'unité nationale créée pour le système d'échange de quotas de la Nouvelle-Zélande. Une NZU correspond à une tonne métrique d'émissions équivalentes à du dioxyde de carbone.
**New Zealand Emission Trading Scheme, Un système d'échange de quotas d'émission fixe une limite réglementaire aux émissions des secteurs couverts et traduit cette limite en un prix de marché qui modifie les comportements pour réduire les émissions. Les parties obligées sont tenues de remettre au gouvernement une unité d'émission négociable pour chaque tonne d'émissions dont elles sont responsables.
*** C’est le premier et le plus important système international conçu pour réduire les émissions de gaz à effet de serre. Le SCEQE est considéré, à raison, comme une bourse (ou un marché) du carbone. Le mécanisme est simple : une entreprise qui émet plus que ses quotas alloués doit s’y procurer les quotas manquants ; une entreprise qui émet moins que son allocation peut revendre ses quotas non utilisés et bénéficier ainsi de revenus supplémentaires.