La Nouvelle-Zélande a pris des mesures décisives pour renforcer les règles relatives aux visas de travail en réponse à des niveaux d'immigration qualifiés d’"insoutenables", selon le gouvernement. Les modifications affectent particulièrement les candidats occupant des postes à faible niveau de compétences, les obligeant à répondre à des exigences plus strictes en matière de maîtrise de l'anglais et d'expérience professionnelle, tout en limitant la durée de leur séjour sur le territoire à trois ans, contre cinq auparavant. En parallèle, les employeurs sont désormais tenus de vérifier scrupuleusement que les migrants répondent aux critères spécifiés avant de leur proposer un emploi. Des mesures d’immigration jugées essentielles selon la ministre de l’Immigration Erica Stanford, afin de reconstruire l’économie néo-zélandaise. New Zealand Services fait le point avec vous.
Des chiffres d’immigration record en 2023
L'année dernière, 173 000 personnes ont immigré en Nouvelle-Zélande, un chiffre presque record, témoignant d'une forte poussée migratoire depuis la fin de l'année 2022. Pour le gouvernement, l'objectif est d'attirer et retenir des migrants hautement qualifiés, tels que les enseignants du secondaire, pour répondre aux besoins de compétences tout en préservant les opportunités d'emploi pour les citoyens néo-zélandais, surtout dans les domaines non soumis à une pénurie de compétences et ne nécessitant pas un niveau technique ou de compétences élevé.
Christopher Luxon, Premier Ministre de Nouvelle-Zélande et chef du Parti national conservateur, remet en question la gestion de l'immigration pendant la pandémie de Covid-19. Selon lui, le gouvernement travailliste a fermé le système d'immigration lorsque la demande de main-d'œuvre était forte chez les employeurs, puis l'a rouvert au moment où l'économie commençait à ralentir. Cette politique soulève des préoccupations, le Premier Ministre remettant en cause la viabilité des niveaux élevés d'immigration.
Certains responsables politiques ont mis en garde contre le risque que les nouveaux arrivants ne fassent encore grimper les loyers et les prix des logements, déjà très hauts, tout en réduisant les possibilités pour les Néo-Zélandais de trouver un emploi peu qualifié.
Réformes importantes pour les Visas de Travail en Nouvelle-Zélande : les points clés
Les principales modifications des règles de visa de travail concernent les postes classés au niveau 4 ou 5 selon la classification ANZSCO, une référence partagée par l'Australie et la Nouvelle-Zélande.
Du côté des employés, la durée du visa qui était initialement de 5 ans, va être réduite à 3 ans. Pour les titulaires ayant obtenu leur premier AEWV avant le 21 juin 2023 et occupant des postes de niveau 4 ou 5 selon la classification ANZSCO, et qui n’ont pas encore demandé la balance de leur visa, il ne sera plus possible de le faire, limitant ainsi la durée maximale à 3 ans.
Pour les nouvelles demandes d'AEWV, les demandeurs doivent présenter des preuves d'au moins trois ans d'expérience professionnelle pertinente ou d'une qualification de niveau 4 ou supérieur, selon l'échelle d'évaluation des diplômes en Nouvelle-Zélande. Les diplômes inférieurs au niveau Licence doivent également être évalués pour leur équivalence par le NZQA, l’autorité responsable de la gestion des diplômes en Nouvelle-Zélande. De plus, une maîtrise minimale de l'anglais est exigée, et la plupart des demandeurs de visa basé sur un emploi peu qualifié doivent passer un test d'anglais pour évaluer leur niveau. Avec un coût moyen de 350 NZ$ pour le test d'anglais et 450 NZ$ pour la demande d'équivalence de diplôme, l'objectif semble être de dissuader les migrants de postuler pour ces postes.
Seuls les emplois ANZSCO de niveau 4 et 5 figurant sur la Green List ou rémunérés au moins 1,5 fois le salaire médian ne sont pas affectés par ces changements.
Pour les employeurs, les nouvelles règles imposent des exigences plus strictes en matière de vérification des compétences et de déclaration des postes vacants. Pour les postes peu qualifiés, l’offre d’emploi doit maintenant être diffusée à la fois sur une plateforme d’emploi et auprès de Work and Income (équivalent de Pole Emploi) afin de prouver l'absence de Néo-Zélandais disponibles ou qualifiés. De plus, la période de publication de l'offre est désormais prolongée à 21 jours, contre 14 jours auparavant. Lors de la soumission de la demande de Job Check, l'employeur doit justifier pourquoi les candidats néo-zélandais qui ont postulé n'ont pas été embauchés.
Parallèlement, de nombreux jobs ont été retiré de la Green List.
Pour connaitre tous les changements en détails, nous vous invitons à consulter notre article Réformes du Visa Accredited Employer (AEWV) en Nouvelle-Zélande : New Zealand services vous en dit plus.
Une menace pour la Nouvelle-Zélande ?
Ces nouvelles règles ne sont pas sans susciter des inquiétudes. L'Employer and Manufacturers Association exprime des inquiétudes quant aux conséquences "involontaires" que ces règles pourraient engendrer, et souligne ainsi la nécessité de trouver un équilibre entre l'accueil des travailleurs qualifiés et les besoins économiques du pays.
"S'il est plus difficile pour les travailleurs motivés de venir en Nouvelle-Zélande, cela signifie qu'ils iront ailleurs, ce qui nuit aux entreprises et entraîne un manque à gagner pour notre économie", a déclaré un représentant de l'association.
Parallèlement, la Nouvelle-Zélande enregistre une perte record de citoyens néo-zélandais au profit de son voisin, l'Australie. L'année dernière, le pays a enregistré une perte record de 47 000 citoyens, attirés par des salaires plus élevés.
Néanmoins, l’Australie connaît également des défis similaires en matière d'immigration et a récemment annoncé une réduction de moitié de son flux migratoire en resserrant les conditions d'octroi de visas pour les étudiants internationaux et les travailleurs peu qualifiés. Cette décision vise à résoudre les problèmes liés au logement et à l'infrastructure du pays.
En résumé, ces changements annoncent le début d'un programme visant à créer un système d'immigration plus intelligent en priorisant les Kiwis et prévenant l'exploitation des travailleurs migrants. Un durcissement du visa de travail Accredited Employer Visa qui risque de bouleverser beaucoup de monde. Nous vous conseillons fortement de vous rapprocher d’un conseiller en immigration agréé afin de clarifier votre situation.
Vous pouvez prendre rendez-vous avec Julie ou Tatiana, conseillères en immigration agréées par le gouvernement en cliquant sur ce lien.